Interview n°4 « Quelle éthique sous le masque de l’entrepreneur ? »
LÉO ASTORINO FAIT TOMBER LE MASQUE…
Léo Astorino parle modestement de ces actions internes. Il préfère mettre la lumière sur les entreprises qu’il accompagne. Pourtant, derrière l’humilité d’un jeune entrepreneur, se cache une grande ambition. Voici l’interview de Léo Astorino, dirigeant de Gen’éthic, société spécialisée dans l’évaluation d’engagements sociétaux des entreprises.
1.Nos actions « petites mais costauds »
Notre entreprise a 1 an. Elle est toute jeune. Elle n’est donc pas assez structurée pour mettre en place toutes les actions qui me tiennent à cœur. Mais l’envie est là et nous avançons dans ce sens.
Un management à notre image
- Notre équipe est composée de plusieurs profils issus de l’ESS ou du monde associatif dans le domaine du développement durable. Nous évaluons en mode participatif créant chaque jour une énergie positive.
- Nous n’avons pour l’instant pas de bureau fixe. Nous nous revendiquons comme une entreprise nomade préférant se réunir dans des tiers-lieux ou des coworkings comme au Tuba, un espace de co-construction et d’innovation ou à la MDE, Maison de l’Écologie de Lyon. Nous privilégions des lieux collaboratifs dont l’écosystème est proche de nos valeurs et notre vision. Les entreprises présentes à nos cotés sur ces sites élaborent des projets dans le domaine de la «greenTech» ou «la ville de demain». Chaque jour, un nouveau lieu ! C’est un mode de travail qui nous convient aujourd’hui en tant qu’entreprise et en tant qu’individus. Un choix naturel qui rompt avec la routine.
- Je ne suis pas pour un management autoritaire. Je suis flexible sur les horaires et les conditions de travail. J’encourage la prise d’initiative au sein de l’équipe. Je peux définir une ligne stratégique qui peut évoluer, voir être remise en question par une meilleure idée proposée par Lucie, par exemple, qui s’occupe de notre développement commercial. On prend alors une nouvelle direction.
Du numérique au naturel
- Pas de papier. Nous travaillons en 100% digital. Nous essayons de rester sobre en terme de mailing. Nous supprimons régulièrement nos emails et spams et utilisons le «drive» comme outil collaboratif interne. J’étudie également la possibilité d’un serveur plus «vert»…
Cela reste simple. Il n’y a pas de politique interne formalisée. Ce sont des habitudes personnelles adaptées naturellement à l’entreprise.
Un choix « mobile habile »
- Pour des questions pratiques et de sens, nous utilisons les transports en commun ou le vélo lors de nos déplacements. Pour les grandes distances, nous prenons le train, jamais l’avion.
Nos engagements ESS
- Je propose des tarifs préférentiels pour nos prestations destinées au secteur de l’ESS. Nous co-organisons des événements gratuits, travaillons sur des programmes communs avec I-Buycott, en lien avec le citoyen et sa position de consommateur-acteur.
- Je vise, dans 2 ans, l’obtention de l’agrément ESUS pour prétendre entrer dans le cadre officiel ESS en tant qu’ »Entreprise solidaire d’utilité sociale ».
2. La « to do list » de nos actions à venir
J’ai 150 idées dans la tête ! Mais si je dois en choisir 2…
L’essentiel pour moi, le management :
- Tout d’abord, j’aimerais créer un modèle de management alternatif avec une gouvernance holistique… une entreprise autogérée par un cercle de décision restreint. Le contraire d’une hiérarchie pyramidale. Un genre d’entreprise libérée.
« Une société qui cultive la liberté repose précisément sur l’idée qu’il ne faut pas dire aux employés ce qu’ils doivent faire – même si c’est ce qu’ils attendent de vous. » Isaac Getz
- Mon idéal : créer une coopérative ! En attendant d’atteindre cet objectif, je souhaite proposer un intéressement, une participation salariale. Les salariés doivent être impliqués pour se sentir responsable et s’épanouir.
L’incontournable : l’environnement :
- J’aimerais aussi agir d’avantage sur un impact environnemental positif ; héberger notre site sur un serveur certifié d’énergie renouvelable ou proposant une politique de réutilisation de matériel, par exemple.
3. Nos bénéfices éthiques
Une marque employeur :
- Les premiers bénéfices de notre politique d’entreprise sont la motivation et l’implication de l’équipe. On arrive à l’heure et surtout avec des idées !
- Évidement, cet enthousiasme rend l’entreprise performante. L’ »humain » en entreprise participe à sa bonne santé économique.
Notre force, c’est notre marque employeur.
Des clients inspirants :
- La transparence, envers nos clients, est « contagieuse ». Elle crée une complicité souvent dès le départ, à la premmière rencontre. On s’inspire et se respecte mutuellement.
- Par exemple, La NEF est une pionnière dans son engagement éthique. Depuis 30 ans, elle est la seule banque française transparente sur ces financements. Elle nous a fait confiance et nous encourage dans nos choix, nous inspire…
- Notre travail consiste à mettre en lumière les actions éthiques de nos clients, et de les inciter dans leur élan. Nous avons donc un devoir de représentativité. Et cette observation quotidienne de multiples exemples nous donne l’avantage de prendre conscience tôt du rôle de l’éthique en entreprise. C’est une grande chance. C’est ce qui fait notre ADN.
4. Ma conclusion éthique…
Pour moi, une entreprise éthique est avant tout une entreprise transparente. Je n’y inclus pas de jugement de bien ou de mal. Mais c’est une entreprise qui tend à faire mieux. Et surtout, pas de façon culpabilisante.
La notion de progrès peut différer des secteurs, tant qu’elle vise le respect de l’homme et de l’environnement.
C’est aussi entreprendre ensemble avec un revenu impliquant pour les salariés, avoir un impact societal dans sa ville, un lien éducatif… La démarche doit être volontaire. Valoriser ceux qui font des choses.
D’ailleurs, je ne crois pas que le «greenwashing» ait de bons jours devant lui. Il est victime de plus en plus de «bad buzz» sur les réseaux sociaux. Le consommateur est de plus en plus éduqué. Le greenwashing est un mauvais calcul.
Être responsable est une performance extra-financière. L’éthique est l’économie s’auto-influencent.
Merci à @LéoAstorino pour s’être prêté au jeu de l’#InterviewÉthique
En savoir plus sur Gen’éthic : www.gen-ethic.com
Retrouvez l’interview sur ma page LinkedIN : https://www.linkedin.com/in/céline-pasteur-64962519/
Propos recueillis par @CélinePasteur
Si vous souhaitez démocratiser l’éthique en entreprise en témoignant de votre vision, que vous soyez en mode « actions dans mon entreprise » ou plutôt « mon entreprise en action », contactez-moi via le formulaire de mon blog.
Quelques mots sur l’auteur de ces « Interview éthiques » :
« C’est à l’âge de 8 ans que j’ai commencé à m’insurger contre mes premières injustices humaines et écologiques. Ah…, la précocité !
Pour cette ouverture au monde, je remercie « Le Journal de Mickey » —ma référence officielle en terme d’actualité à cette époque— de m’avoir offert le badge suprême « Touche pas à mon arbre« , avec lequel j’ai pu fièrement customiser mon pull à col roulé (lui-même provenant de ma grande sœur, provenant de la voisine, provenant de la grand sœur de la voisine…). Bref, l’#EconomieCirculaire était déjà une évidence, comme le style ! Peu de temps après j’ai trouvé un compagnon de badge : « Touche pas à mon pote« …
Je remercie également mes parents, tous deux éducateurs spécialisés, qui m’ont fait grandir dans un univers où la #différence était la norme. (…) »
« Un an après l’âge de raison, c’était déjà l’âge des engagements pour moi !
Engagements toujours présents quelques décennies plus tard et que je souhaite faire résonner plus largement aujourd’hui, à travers cette série d’interviews, mais aussi dans mon travail. Je souhaite donc m’impliquer pleinement dans une entreprise qui transpire l’#Humanité. Mes domaines de compétences pour servir cette entreprise humaniste sont la #CommunicationStratégique, l’#Ethique, l’#ApprocheSystémique et le #Design… »
Retrouvez mon parcours et mes compétences sur mon profil LinkedIn : Céline Pasteur