Interview n°3 « Quelle éthique sous le masque de l’entrepreneur ? »
TRISTAN FRÉJAVILLE FAIT TOMBER LE MASQUE…
Si Georges Clooney était français, il s’appellerait Tristan ! Un charme, un humour et surtout une grande générosité. Alors, «What else ?» Voici l’interview de Tristan Fréjaville, dirigeant d’Un Amour de Café, marque de café bio & solidaire.
1. Un état d’esprit !
L’éthique en entreprise est avant tout un état d’esprit….
Notre « éthique équipe »
- Au delà des compétences nécessaires au fonctionnement «technique» de l’entreprise, notre équipe s’est composée naturellement autour de rencontres que nous offre la vie. « Les gens viennent à nous » grâce au réseau professionnel, associatif, ou les recommandations de mon entourage. Chacun a sa chance. Certains ont commencé comme stagiaire comme Julien, arrivé il y a 8 ans. D’autres commencent à mi-temps, puis au tiers temps ou optent pour un temps complet. Nous sommes aujourd’hui une petite équipe de 6 personnes de 20 à 60 ans, issus de milieux culturels et religieux différents. Ici, il n’y a pas de discrimination mais un enrichissement des uns et des autres permanent. Ce qui nous rassemble : la bienveillance, l’envie de bien faire et l’humour— indispensable chez nous. Le dialogue est essentiel pour les 2 parties ; salariés et dirigeant.
« On embauche inconsciemment des gens qui nous ressemblent ».
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Notre management s’exprime par la confiance en l’humain et ses compétences. Nous sommes une petite structure. Nous travaillons dans un openspace. Nous mangeons ensemble dans notre kitchenette. Nous sommes d’ailleurs parfois « trop connectés ». Notre commercial adopte le télétravail de temps en temps…
Notre « éthique écologique »
Au delà des produits que nous vendons, nous nous engageons sur l’écologie à travers divers actions
- Nous essayons, à notre échelle, de supprimer au maximum les plastiques de notre environnement. Nous disposons de poubelles de tri. Nous remplaçons peu à peu les gobelets en plastique standards par des gobelets recyclés en copeau de bois issu de forêts gérées durablement. Et ce, en interne, comme pour notre service clients.
- Nous avons choisi Enercoop, un fournisseur d’électricité 100% verte pour nos bureaux. Cette coopérative accompagne la mise en œuvre de projets durables et citoyens à un niveau local. Une philosophie solidaire proche de la nôtre.
- Nos véhicules sont, soit électriques pour les petits trajets, soit hybrides pour les plus longs. Pour les livraisons de centre ville et de quantités moindres, nous collaborons avec les coursiers à vélo «Fends la bise».
- Notre marc de café est en grande majorité collecté et recyclé grâce à l’entreprise «Les ditritivores». Gaétan, son dirigeant, est un ami de longue date. Un «vrai de vrai» dans ses engagements !
- Nous utlisons pour nos plaquettes de communication du papier récyclé ou PEFC, issu de forêt gérées durablement et des encres d’origine végétale. Elles ont l’avantage d’être biodégradables. Mais nous avons conscience que nous utilisons encore beaucoup de papier dans notre quotidien. Nous essayons de pallier par la mise en place de solutions numériques. Mais le coût est important. Il s’agit aujourd’hui d’une question d’équilibre…
Notre « éthique équitable » & solidaire
- J’ai créé cette entreprise en 2006, avec dès le départ, l’objectif clair d’apporter mon soutien à un projet solidaire. Chaque année, nous reversons un partie de notre chiffre d’affaire à l’association humanitaire «Partenaires». En 2019, nous avons verser 5000€, cette année 7200€. Nous organisons également des événements comme des petits concerts pour trouver des donateurs et sensibiliser à la cause.
- Cette association Partenaires, fondée en 1991 par Christian Raymond, intervient dans des régions pauvres du monde, où les grandes associations humanitaires sont peu présentes. Elle accompagne des communautés défavorisées jusqu’à leur autonomie, dans le respect des cultures et de l’environnement. Ses actions visent la santé par l’hygiène et l’eau potable, l’éducation et la formation professionnelle. Elle est particulièrement sensible aux rôles des enfants et des femmes.
- J’ai rencontré Christian lors d’un forum de rencontres d’associations humanitaires place Bellecour. Il y avait des stands incroyables. Et lui, détonnait avec sa planche de bois et ses photocopies. Sa philosophie m’a plu. Ils faisaient des choses intelligentes, nombreuses, sensées et avec peu ; 2% de frais de gestion !
2. Des difficultés… et des solutions éthiques !
Quand on veut bien faire, nous attirons parfois la suspicion ou la jalousie des concurrents… Quand on veut bien faire, il y a parfois des coûts supplémentaires auxquels nous devons trouver un juste équilibre entre nos priorités à court ou long terme. C’est une réalité.
- Les machines (distributeurs café et boissons) que nous proposons à nos clients sont tributaires du marché et de marques déjà en place. Il y a donc beaucoup de progrès encore à faire pour lequel nous ne pouvons avancer seuls. Pour s’accorder avec notre café bio nous n’avons trouvé qu’une seule marque de lait bio. Nous cherchons également aujourd’hui des gobelets écologiques qui passent en machine.
- Je consulte les professionnels dans les salons spécialisés comme Natexpo à Paris ou à Lyon pour trouver des solutions innovantes. Nos paquets de café sont depuis toujours sans aluminium et sous peu seront également en papier recyclé. Nous avons besoin de temps et évidement d’argent pour avancer sur ces points là. On y va donc «step par step», à notre rythme.
« Step par step »
- Les salariés et les clients sont une excellente source d’idées pour évoluer vers plus d’éthique. Il faut savoir mettre en place des enquêtes dirigées vers ses clients et programmer des réunions avec ses salariés sur le thème évoqué.
- Enfin, il y a aussi quelques obligations règlementaires aujourd’hui auxquelles il faut répondre pour prétendre faire du commerce solidaire ou équitable. Pour garantir une démarche que nous aplliquons depuis maintenant 14 ans, nos produits seront prochainement labelisés Max Havelaar.
3. Des bénéfices éthiques !
Je suis convaincu d’une chose : quand on donne, il n’y a rien à attendre en retour. Sinon cela serait du commerce. Par contre, donner comble autant que de recevoir.
- En interne, avoir une démarche éthique crée une motivation supplémentaire pour chaque acteurs de l’entreprise.
- Mes clients y trouvent une réponse à leurs attentes confortant l’engagement étiqueté sur nos produits.
- Pour l’entreprise il s’agit surtout d’une image de marque positive. Car même si nous progressons chaque année, notre démarche est difficilement mesurable quant aux bénéfices de rentrée économique.
4. Ma conclusion éthique…
Pour vous, une entreprise éthique, ça veut dire quoi ?
Être bienveillant et actif. Faire tout simplement attention à son prochain et à son environnement. Prenons soin !
« Les âmes ne sont pas vaincues par les armes, mais par l’amour et la générosité »
Baruch Spinoza
Merci à @TristanFrejaville pour s’être prêté au jeu de l’#InterviewEthique
Retrouvez l’article sur ma page LinkedIn : https://www.linkedin.com/pulse/tristan-frejaville-fait-tomber-le-masque-c%25C3%25A9line-pasteur/
En savoir plus sur Un amour de café : www.un-amour-de-cafe.com
Propos recueillis par @CélinePasteur
Si vous souhaitez démocratiser l’éthique en entreprise en témoignant de votre vision, que vous soyez en mode « actions dans mon entreprise » ou plutôt « mon entreprise en action », contactez-moi via le formulaire de mon blog.
Quelques mots sur l’auteur de ces « Interview éthiques » :
« C’est à l’âge de 8 ans que j’ai commencé à m’insurger contre mes premières injustices humaines et écologiques. Ah…, la précocité !
Pour cette ouverture au monde, je remercie « Le Journal de Mickey » —ma référence officielle en terme d’actualité à cette époque— de m’avoir offert le badge suprême « Touche pas à mon arbre« , avec lequel j’ai pu fièrement customiser mon pull à col roulé (lui-même provenant de ma grande sœur, provenant de la voisine, provenant de la grand sœur de la voisine…). Bref, l’#EconomieCirculaire était déjà une évidence, comme le style ! Peu de temps après j’ai trouvé un compagnon de badge : « Touche pas à mon pote« …
Je remercie également mes parents, tous deux éducateurs spécialisés, qui m’ont fait grandir dans un univers où la #différence était la norme. (…) »
« Un an après l’âge de raison, c’était déjà l’âge des engagements pour moi !
Engagements toujours présents quelques décennies plus tard et que je souhaite faire résonner plus largement aujourd’hui, à travers cette série d’interviews, mais aussi dans mon travail. Je souhaite donc m’impliquer pleinement dans une entreprise qui transpire l’#Humanité. Mes domaines de compétences pour servir cette entreprise humaniste sont la #CommunicationStratégique, l’#Ethique, l’#ApprocheSystémique et le #Design… »
Retrouvez mon parcours et mes compétences sur mon profil LinkedIn : Céline Pasteur