Interview n°2 « Quelle éthique sous le masque de l’entrepreneur ? »
IVAN DEBAY FAIT TOMBER LE MASQUE…
La voix posée, le sourire franc, Ivan évoque ses choix d’entrepreneur engagé avec simplicité et naturel. Il parle avant tout de bien-être au travail au sens large… Voici l’interview d’Ivan Debay, dirigeant d’ Origo, entreprise experte dans la fourniture de garantie d’origine d’électricité renouvelable.
1. Vous dites « Actions » ! Quelles sont-elles chez Origo ?
Des actions « énergiques »!
Notre offre s’organise autour des énergies renouvelables. Nous nous devons donc d’appliquer nos propres principes. Et, ce, avec expertise, et grand naturel :
Pour évaluer les rejets de gaz à effet de serre au sein de notre entreprise, nous réalisons un bilan de notre empreinte carbonne. Il vise à déterminer l’impact écologique de l’activité de notre entreprise. Concrètement au quotidien, nos actions en terme d’énergie se traduisent par les exemples (non exhaustif) suivants :
- Pour notre consommation d’électricité, nous choisissons une offre d’électricité verte. Par ailleurs, nous investissons directement dans les panneaux solaires de la métropole de Lyon grâce à l’association «Toits en transition». Une énergie renouvelable et locale !
- Pour les transports, nous privilégions le train plutôt que l’avion lorsque les déplacements en dehors de France sont nécessaires.
- Nous finançons les transports en commun en totalité pour nos salariés. Soit 100% alors que la loi n’impose un remboursement que de 50%.
- Nous appliquons une philosophie de réduction et recyclage de déchets en interne (cf. paragraphe suivant).
- Malgré tous nos efforts, nous sommes conscients que nos actions sont limitées. Nous avons donc choisi de compenser nos émissions de CO2 en finançant des projets solidaires à impacts positifs auprès de pays en voie de développement, reconnus par le GHG Protocol. Après un échange en interne, notre équipe a opté pour la protection de la forêt du Zimbabwe.
« Origo est aujourd’hui une entreprise neutre en CO2. »
Des actions « originales »: notre « jardin » interne
Au quotidien, nous nous engageons sur des actions bienveillantes construites dans une dynamique collaborative :
- Chacun a accès au télétravail et une flexibilité quant aux horaires de travail.
- Nous disposons dans la cour d’un compost pour les déchets organiques servant à alimenter notre modeste potager. À cet effet, chaque mois, un nouveau responsable est désigné au sein de notre équipe. Tout le monde s’implique. J’aime citer le proverbe chinois qui dit : «Si tu veux être heureux une heure, bois un verre ; Si tu veux être heureux un jour, marie-toi ; Si tu veux être heureux toute ta vie, fais-toi jardinier.»
- Un cours de yoga est dispensé dans nos bureaux chaque semaine.
- Chaque décision interne de l’entreprise est prise en commun. Nous avons voté et mis en place une «journée de congés règles**» pour les femmes de l’entreprise.
« Notre vision d’entreprise a été récompensée par le label «Lyon, ville équitable et durable». »
2. Rencontres-tu des contraintes particulières pour la mise en œuvre de ces actions ?
- Nous avons la chance en interne d’avoir une personne habituée à gérer les « petites contraintes administratives ». Il est vrai que, sur ce point, nous n’appréhendons pas les désagréments que certains dossiers, nécessaires à nos actions, pourraient susciter.
- Les «difficultés» que nous pouvons rencontrer sont plus terre à terre. Comme faire pousser les légumes de notre potager ! Le mois dernier, nous avons savouré à 8 notre unique et modeste butternut. Un vrai moment de partage…
- **Le «congé règles» a été aussi un petit challenge. Pas pour sa décision commune mais pour avoir le courage de briser un tabou en entreprise. En entreprise, il s’agit aussi de prendre acte de réalité simple…
« La volonté et l’intelligence collective permettent de dépasser les contraintes. »
3. Quels bénéfices tires-tu de ces actions ?
D’abord des bénéfices en interne :
- Savoir échanger en interne permet de créer du lien, une relation de confiance, …du bien-être, tout simplement.
- De même en impliquant l’équipe sur des choix de projet comme la compensation carbone, nous créons en commun des valeurs propres et une véritable fierté.
Et indirectement des bénéfices pour nos Clients :
- Grâce à nos actions, nous valorisons nos engagements et donnons une image forte à notre communication. Par exemple, nos réponses aux appels d’offre, sont plus pertinentes. Ces points nous permettent la construction de beaux dossiers en phase avec nos prestations. Les clients sont demandeurs de cohérence.
4. Alors, pour toi, une « entreprise éthique », ça veut dire quoi ?
« L’éthique » est un vocable qui crée des clubs… Je n’aime pas particulièrement utiliser ce mot. Car pour moi, l’éthique a une dimension personnelle.
« On n’a pas une « section éthique » (dans notre entreprise). »
- Je cherche juste à être agréable naturellement. L’intérêt principal est le bien-être des personnes avec qui je partage ma journée.
- C’est aussi la satisfaction, à travers une organisation, de pouvoir répondre à des engagements partagés.
- C’est être accepté par nos parties prenantes. Être cohérent avec notre business. Partager des valeurs communes avec nos partenaires.
5. Dirais-tu, pour conclure, que l’éthique et le business font bon ménage ?
Pour faire du fric, on ne peut pas être un salaud indéfiniment. Pour ma part, j’ai besoin de relations de confiance.
« Il n’y a pas d’antinomie entre faire du profit et un comportement éthique. C’est, pour moi, une condition nécessaire. »
Merci à @IvanDebay pour s’être prêté au jeu de l’#InterviewÉthique
En savoir plus sur Origo : origo-renouvelable.com/fr/
Retrouvez l’interview sur LinkedIN: https://www.linkedin.com/pulse/ivan-debay-fait-tomber-le-masque-céline-pasteur/
Propos recueillis par @CélinePasteur
Si vous souhaitez démocratiser l’éthique en entreprise en témoignant de votre vision, que vous soyez en mode « actions dans mon entreprise » ou plutôt « mon entreprise en action », contactez-moi via le formulaire de mon blog.
Quelques mots sur l’auteur de ces « Interview éthiques » :
« C’est à l’âge de 8 ans que j’ai commencé à m’insurger contre mes premières injustices humaines et écologiques. Ah…, la précocité !
Pour cette ouverture au monde, je remercie « Le Journal de Mickey » —ma référence officielle en terme d’actualité à cette époque— de m’avoir offert le badge suprême « Touche pas à mon arbre« , avec lequel j’ai pu fièrement customiser mon pull à col roulé (lui-même provenant de ma grande sœur, provenant de la voisine, provenant de la grand sœur de la voisine…). Bref, l’#EconomieCirculaire était déjà une évidence, comme le style ! Peu de temps après j’ai trouvé un compagnon de badge : « Touche pas à mon pote« …
Je remercie également mes parents, tous deux éducateurs spécialisés, qui m’ont fait grandir dans un univers où la #différence était la norme. (…) »
« Un an après l’âge de raison, c’était déjà l’âge des engagements pour moi !
Engagements toujours présents quelques décennies plus tard et que je souhaite faire résonner plus largement aujourd’hui, à travers cette série d’interviews, mais aussi dans mon travail. Je souhaite donc m’impliquer pleinement dans une entreprise qui transpire l’#Humanité. Mes domaines de compétences pour servir cette entreprise humaniste sont la #CommunicationStratégique, l’#Ethique, l’#ApprocheSystémique et le #Design… »
Retrouvez mon parcours et mes compétences sur mon profil LinkedIn : Céline Pasteur